Description
Notre cerveau a une tendance naturelle à structurer nos expériences quotidiennes en séquences distinctes, ou « chapitres ». Cette organisation cognitive, mise en lumière par une étude dirigée par Alexandra De Soares et publiée dans Current Biology, joue un rôle essentiel dans notre mémoire et notre perception du temps.
L’étude explore un mécanisme clé : les « frontières d’événements ». Ces moments marquent des transitions entre différentes activités ou contextes dans une journée, comme passer d’une réunion à un déjeuner ou rentrer chez soi après le travail. Ces frontières sont essentielles pour notre cerveau, car elles lui permettent de segmenter la journée en blocs cohérents et digestes.
Les chercheurs ont montré que ces changements sont interprétés par des régions cérébrales spécifiques, notamment l’hippocampe et le cortex préfrontal. Ces structures sont connues pour leur rôle dans la mémoire épisodique, c’est-à-dire la capacité à se souvenir d’événements spécifiques dans leur contexte. Les frontières d’événements agissent comme des « points de repère » cognitifs, aidant à structurer nos souvenirs.
Pour tester cette hypothèse, Alexandra De Soares et son équipe ont demandé à des participants de regarder une série de vidéos contenant des changements marqués dans le scénario ou le contexte, comme un passage d’une scène d’intérieur à une scène extérieure. En parallèle, l’activité cérébrale des participants a été mesurée par IRM fonctionnelle. Les résultats ont révélé une augmentation de l'activité dans l'hippocampe chaque fois qu'une frontière d’événement était rencontrée, indiquant que le cerveau enregistrait ces transitions comme des points de division significatifs.
Ce processus a une fonction adaptative importante. Il permet de mieux organiser et stocker les informations dans notre mémoire à long terme. Par exemple, il est plus facile de se souvenir d’un voyage structuré en étapes — comme les différentes villes visitées — que d’un récit monotone sans transitions claires.
Cependant, ce découpage a aussi des implications sur notre perception du temps. Une journée riche en « chapitres » semble souvent plus longue, car chaque segment est mémorisé distinctement. À l’inverse, une journée routinière, avec peu de transitions, peut paraître floue et passer très vite.
En conclusion, cette étude illustre comment notre cerveau, grâce aux frontières d’événements, structure naturellement notre quotidien en chapitres pour optimiser la mémoire et donner du sens à nos expériences. Ce mécanisme est une pièce maîtresse de notre perception du monde et de notre identité.
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