La sainteté au féminin : spiritualité et leadership Parler des Amies de Dieu, ces femmes qui voyagent entre Dieu et l’humanité, faisant circuler l’énergie divine, moteur de l’univers, c’est pour moi un devoir et un honneur, tachrîf wa taklîf, après un cheminement soufi de plus de trois décennies, ponctué de récits de voyages pour témoigner de mon temps. La spiritualité, l’enseignement soufi et les parcours de vie des saintes femmes waliyate (leurs vertus, sciences et prodiges) m’ont offert un regard engagé sur le monde et les questions de société. Les livres parlent si peu de ces femmes cachées, si ce n’est dans Salawat al-Anfas de Mohamed Ben Jaafar Kettani, pour la ville de Fès, et Al-Maassoul de Mokhtar Soussi, pour la région du Souss au sud du Maroc. Elles sont citées dans les hagiographies des hommes, il m’a fallu déterrer leur histoire et leurs localités pour aller sur leurs traces. Alors, j’ai choisi de répondre à l’interprétation réductrice de certains Hadiths, sur la place de la femme dans nos sociétés et à l’obscurantisme menaçant nos lieux sacrés et nos valeurs humanistes, en parlant du Beau et ses manifestations. Confortée par mes rencontres, je découvre que dans mon pays, de grandes écoles traditionnelles fondées et gérées par des femmes, en mode campus, du Souss à Fès, ont formé nos plus grands érudits, traçant ainsi un axe symbolique de la spiritualité au féminin dans l’histoire du Maroc. Yasmina Sbihi est architecte et chercheure associée au Centre d’Excellence Sciences et Quête de Sens à l’African Business School de l’um6p, Université polytechnique Mohamed VI, au Maroc. Depuis 1996, elle mène des recherches sur le soufisme et le patrimoine spirituel et donne des conférences au Maroc et à l’étranger afin de porter un message de Paix et d’inviter à l’éveil d’une conscience universelle. Elle fait partie du Majliss el-Machyakha (Assemblée des Maîtres spirituels), en tant que tîjâniyya et chargée de la commission de la préservation du patrimoine ; elle est aussi membre fondatrice des fondations nationales Majma’ Essalah et de Ribât al-Mahabba, réunissant des représentants de toutes les confréries soufies du Royaume. Elle est auteure de Sur les pas de sidi Ahmed Tijani, voyage dans sa zaouia aux quatre coins du monde, Éditions Afrique Challenge, 2015 et de Sacrées Femmes. Sur les pas des saintes du Maroc, Éditions La croisée des chemins, 2022. Cycle : La sainteté au féminin Du mois d’octobre 2024 au mois de janvier 2025, Conscience Soufie organise un cycle sur les femmes soufies et la sainteté au féminin. De fait, la majorité des cercles qui existent aujourd’hui sur les thématiques de la spiritualité, quelles que soient leurs affiliations et leurs pratiques, sont composés essentiellement de femmes. Nous avons donc souhaité rendre hommage au Féminin, en espérant répondre au mieux à l’attente de notre public, hommes et femmes, au fil des différents événements programmés. Pour ce faire, nous avons convié des personnes de qualité afin d’intervenir en conférences ou lors des veillées spirituelles. Ainsi, en octobre, Yasmina Sbihi, nous introduira à la sainteté au féminin en lien avec la question du leadership ; en novembre, Amal Ayouch nous immergera dans la poésie soufie, ancienne et contemporaine et Asma Lamrabet évoquera la figure marquante de Râbi‘a al-‘Adawiyya ; en décembre, Marie-Odile Delacour nous ouvrira aux écrits vibrants d’Isabelle Eberhardt et Michael Barry nous conduira d’Occident en Orient sur le thème de l’amour courtois ; en janvier, S. Sébastien nous parlera de la divine Layla en poésie soufie et Olfa Youssef conclura sur les rapports entre le masculin et le féminin d’un point de vue juridique et soufi. Nous les en remercions chaleureusement. Conscience Soufie espère que cette programmation saura toucher les cœurs, et vous souhaite des