LES COURS DU COLLEGE DE FRANCE, émission du mardi 24 décembre 2019
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durée : 00:59:30 - Les Cours du Collège de France - Pourquoi le poète-diplomate, Paul Claudel a-t-il écrit dans une lettre des années 1920, "Il n'y a pas de pire carrière que celle d'un écrivain qui veut vivre de sa plume"? Que savons-nous de l'activité professionnelle des artistes & du cheminement de l'activité créatrice? demande P-M. Menger. Quelles sont les conditions, les moyens, la part du hasard, de l'intuition ou celle du contrôle de soi pour créer? Qu'est-ce qui se joue pour achever ou ne pas achever une oeuvre ? * Pierre-Michel Menger, titulaire de la chaire « Sociologie du travail créateur », directeur d'études à l'EHESS, nous entraîne sur plusieurs semaines dans une grande et passionnante enquête dans la cadre de la série de cours intitulée « Comment achever une ouvre ? Travail et processus de création ». Précédemment ses recherches se sont attachées à la notion énigmatique du talent, des premières mentions dans l'Antiquité à son succès dans le monde managérial contemporain.  "Nous sommes entrés dans une économie de la connaissance, soulignait-il, où le capital humain est plus précieux que le capital matériel".  C'est dans cette mutation que se déploie son approche dynamique du travail créateur.  Après Normale Supérieure et des études de philosophie, Pierre-Michel Menger est entré au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), puis à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), où il a dirigé le Centre de sociologie du travail et des arts, dans une démarche pluridisciplinaire. Le sociologue rappelait aux Inrockuptibles en 2018 :  "Une partie de mon enseignement au Collège de France porte sur des domaines d'activité comme les arts, les sciences, l'innovation, les technologies, dans lesquelles les écarts de réussite peuvent être considérables, alors que l'attitude à l'égard de ces inégalités est très variable. " Ces écarts, ces incertitudes sont au cour de sa nouvelle série. Comment les artistes romantiques ont-il inventé un élitisme égalitaire, fondé sur l'individualisme et l'originalité? Comment cette équation est-elle insoutenable? Qu'advient-il quand chaque artiste est tenu d'être original ? s'interroge-t-il. Dans sa Leçon inaugurale en 2014, Pierre-Michel Menger indiquait :  "En réalisant que le cheminement de leur travail n'est pas entièrement déchiffrable, les créateurs peuvent vouloir en conserver des traces multiples pour chercher à en comprendre le processus, pour en réviser le résultat, ou encore pour puiser dans le réservoir des possibilités inexploitées. J'examinerai cette question dans l'un de mes cours pour répondre à une question d'apparence anodine : comment s'y prend-on pour achever une ouvre ou pour ne pas l'achever ?" Comme il le notait déjà en 2014,  "La scène du travail créateur, trop centrée jusqu'ici sur l'individu, se peuplera rapidement à partir de l'analyse de l'environnement de l'action". Alors comment la condition économique des artistes fut-elle, dès Max Weber, examinée non pas comme un simple problème d'addition de sources de revenus, mais comme l'association entre un comportement anti-économique, garant de l'exercice charismatique de l'activité et une solution économique, comme la pratique d'un métier de subsistance ?  Nous gagnons l'amphithéâtre du Collège de France, le 20 janvier 2017, pour le cours de Pierre-Michel Menger, "Comment achever une ouvre ? Travail et processus de création", aujourd'hui "Introduction" Référence musicale du générique de fin: « Epilogue », extrait de la BO du film La la Land, par Justin Hurwitz - réalisation : Laure-Hélène Planchet