Avec Julien Bonhomme Des inconnus sont accusés de voler ou de rétrécir le sexe des individus à l’occasion d’une banale rencontre dans l’espace public : une rumeur accusatoire qui entraine des réactions violentes de la part de la foule pouvant aller jusqu’au lynchage de la personne accusée. La rumeur des voleurs de sexe est apparue au Nigeria dans les années 1970 avant de se propager sporadiquement pendant une trentaine d’années dans une vingtaine de pays en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Dans son livre Les Voleurs de sexe. Anthropologie d'une rumeur africaine, Julien Bonhomme montre comment avec la rumeur des voleurs de sexe, la sorcellerie cesse d’être un ragot local pour devenir une rumeur urbaine, moderne et transnationale. Pour comprendre un tel phénomène, l’auteur met en lumière les préoccupations tout à fait ordinaires sur lesquelles se fonde la rumeur. Il s’intéresse aux détails des accusations et des incidents, ainsi qu’aux différents acteurs des affaires de vol de sexe : les victimes présumées qui sont principalement des hommes ; les accusés qui sont des inconnus ou même des étrangers et qui parfois avouent le vol pour éviter un lynchage ; la foule au sein de laquelle les actes de violences peuvent émerger ; les autorités locales qui tentent de rétablir au plus vite l’ordre public et d’éviter la justice populaire. Comment expliquer la propagation de la rumeur ? Où se discute-t-elle ? Comment est-elle considérée ? Afin d’expliquer l’apparition de la rumeur, sa progression et sa disparition, l’auteur étudie les mécaniques de la communication sociale et de la transmission culturelle. Il montre le caractère polyphonique de la rumeur qui suscite à la fois croyance, doute et critique. L’anthropologue analyse le rôle des médias qui permettent tout à la fois la recension des affaires et la qualification des événements (comme un phénomène mystique ou comme un crime), mais également la diffusion de la rumeur. Cet épisode a été réalisé par Fabrice Weissman à partir de la conférence du Crash du 9 mai 2023, animée par Michaël Neuman et Nicolas Dodier. Qui sommes-nous ?   Abrité par la Fondation Médecins Sans Frontières, le Centre de Réflexion sur l'Action et les Savoirs Humanitaires (Crash) est une structure originale dans le monde des ONG. Sa raison d'être : animer le débat et la réflexion critique sur les pratiques de terrain et le positionnement public afin d'améliorer l'action de l'association. Pour plus d'informations, consultez le site du Crash Suivez-nous aussi sur :   Facebook  Instagram X (Twitter) Whatsapp LinkedIn Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.