La querelle Orban/Juncker peut-elle compromettre les chances du PPE aux élections européennes?
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Le Monde en Questions revient cette semaine sur les relations tendues entre le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le Premier ministre Hongrois Viktor Orban, qui appartiennent tous deux au même parti conservateur, le PPE, Parti populaire européen. Cette querelle peut-elle compromettre les chances du PPE d’arriver en tête le 26 mai prochain ?
La réponse est oui, potentiellement. Car cette querelle commence à faire des vagues à l’intérieur même du PPE. Pour Viktor Orban, Jean- Claude Juncker est un ultra-libéral qui ne croit pas aux frontières et qui est prêt à ouvrir grandes les portes de l’Europe à tous les migrants du monde.
Ce procès d’intention n’est pas nouveau. Mais il a pris une nouvelle ampleur avec une campagne d’affichage, financée par le gouvernement, et placardée dans tout Budapest. Ces affiches font clairement de Jean-Claude Juncker un immigrationniste convaincu, et le présentent surtout aux côtés du milliardaire américano-hongrois d’origine juive George Soros – véritable bête noire de Viktor Orban.
Du coup, le patron du PPE, l’allemand Manfred Weber s’est fâché très fort.
Au point que le gouvernement de Budapest a finalement renoncé à cette campagne et n’a pas lancé la suivante, qui devait cette fois viser le vice-président socialiste de la Commission européenne, le néerlandais Franz Timmermanns. Dans le même temps, 12 partis européens issus de 9 pays ont saisi les instances politiques du PPE pour demander l’exclusion, ou au moins la suspension, du Fidesz de leur formation. Au motif que les valeurs défendues par le PPE sont incompatibles avec celles du Fidesz. Cette question sera examinée le 20 mars prochain.
Alors, quelles seraient les conséquences pour le PPE d’un départ des députés hongrois ?
Et bien certainement un affaiblissement – d’au moins une dizaine de députés au Parlement européen. Ce qui n’arrange pas les affaires de Manfred Weber qui souhaite faire le meilleur score possible pour postuler à la succession de Monsieur Juncker à la tête de la Commission européenne.
Une chose est sûre : même si le Fidezs n’est pas exclu ou suspendu du PPE lors de la réunion du 20 mars prochain, cette affaire aura pourri le début de campagne d’une formation présentée comme favorite pour gagner le scrutin européen du 26 mai.