Leïla Sebbar, écrivaine de la mixité
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Description
Elle est née en 1941, à Aflou, en Algérie française. Son père est algérien et sa mère française. Tous deux étaient instituteurs. Leïla Sebbar dit d’elle-même qu’elle est « née d’un enlèvement d’amour ». Etre des deux bords et se trouver constamment à la marge, il n’est donc pas étonnant que sa plume parle d'exil et des complexités sociales sur les deux rives de la Méditerranée. On est fasciné quand on découvre l’ampleur de la bibliographie de Leïla Sebbar: des essais, des carnets de voyage, des récits, des critiques littéraires, des nouvelles et des romans, des récits d’enfance, des chroniques, des études, des entretiens, des traductions et des pièces de théâtre, des autobiographies, et ce qu’elle appelle sur son site officiel des autofictions. Mais n’anticipons pas. Étudiante en Lettres modernes à Aix-en-Provence puis à La Sorbonne, elle publie en 1974 sa thèse de troisième cycle, Le Mythe du bon nègre dans la littérature du XVIIIe siècle. Elle est ensuite professeur de Lettres à Paris, tout en se consacrant à l'écriture. Elle est l’auteur d’essais, de carnets de voyage, de récits, de critiques littéraires, de recueils de textes inédits, de nouvelles et de romans. Son œuvre est centrée sur l'exil, les relations Orient/Occident avec en toile de fond l’Algérie, métaphore de l’Orient et la France, métaphore de l’Occident, sur l’éducation des filles, les violences contre les petites filles, avant d’accéder à la fiction grâce à un travail de réflexion avec d’autres femmes. Quelques titres pour se faire une idée. En 1978, elle publie On tue les petites filles ; en 1980 Le Pédophile et la Maman ; en 1986 Lettres parisiennes, Autopsie de l'exil, avec Nancy Huston, Bernard Barrault. Leïla Sebbar refuse le mot «déracinement», pour qualifier son cas personnel et son œuvre d’écrivain. Elle dit préférer le mot «déplacement». Il n’empêche que c’est un déplacement qui comporte des silences et des manques pouvant se montrer cruels. Femme, partagée entre colonisés et colonisateurs, c’est-à-dire vivant directement le système colonial qui est centré sur la négation de l’autre, la négation donc d’une partie d’elle-même, son écriture ne pouvait ignorer les transgressions et les violences soigneusement dissimulées derrière les décors convenables de l’histoire officielle. Surtout des violences symboliques comme l’effacement ou la mise au second plan d’une langue. En 2003, Leïla Sebbar publie un livre autobiographique Je ne parle pas la langue de mon père. L'arabe comme un chant secret. En 2017, Leïla Sebbar publie un livre magnifique et dérangeant L'Orient est rouge. C’est un recueil de nouvelles sur fond de djihad, d'intégrisme ambigu, de séductions et de déceptions, de violence et de mort, douze nouvelles qui racontent l'insoutenable. C'est un livre choc, violent en émotions et en ressentis, car il explique les facteurs ayant amené des personnes à devenir terroristes et à renier l'être humain. Ces 11 nouvelles nous donnent à voir un Orient souffrant du poids de l'extrémisme religieux. Pour beaucoup parmi les chroniqueurs, ce recueil est un avertissement salutaire.