Podcast / Ludologies #72 – Pourquoi tu joues ?
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Description
En décembre 2018, l’excellent podcast Ludologies (Du jeu sous toutes ses formes !) invitait les auditeurs à répondre à la question « Pourquoi tu joues ? » afin d’en faire un épisode spécial, riche de 17 interventions tout-azimut ! Merci à eux pour cet épisode foisonnant que je vous invite franchement à écouter. J’ai moi-même sauté sur l’occasion pour exprimer une réflexion, née d’une année de lectures et de chroniques podcast sur la philosophie du jeu. Soit 2 minutes et 30 secondes de philosophie ludo-existentielle que je republie ici. La transcription intégrale de mon propos : Bonjour, ici Thomas dit l’Acariâtre. La question « Pourquoi tu joues ? », j’ai envie de la reformuler en « Pourquoi tu as autant besoin de jouer ? » et le premier élément de réponse est un peu éloigné du domaine même du jeu. En tant qu’humain je suis confronté à une contradiction universelle qui est d’une part d’être persuadé que je suis dérisoire, que j’ai une existence très très courte sur un caillou minuscule qui flotte à une vitesse folle dans un espace infini. Sans avoir la moindre idée de pourquoi je suis là. D’autre part au quotidien, je me lève tous les matins., jessaye de croire à ce que je fais, j’essaye de vivre avec sérieux, avec enthousiasme, avec valeurs. C’est pour ma part comme cela que je formule la contradiction humaine : la capacité à continuer à agir alors qu’en réalité rien n’a de sens. En tout cas, aucun qu’on ait trouvé. L’humanité, au fil du temps, a essayé d’inventer plein de méthodes pour dépasser cette contradiction. On peut parfois nier qu’elle existe et se concentrer, s’oublier en quelque sorte dans le quotidien. On peut s’inventer un but, une destinée qui nous donne enfin une raison d’exister. On peut croire à un miracle plus vaste que ce peut comprendre l’esprit humain. On peut s’asseoir et pleurer. On peut rire de tout ça pour ne pas se laisser abattre. Mais personnellement, la tactique que je préfère : c’est le jeu ! En effet quand on joue, on est exactement en train de mettre en scène à une toute petite échelle cette contradiction. Quand je joue, j’agis avec sérieux. Je crois au moins temporairement et au moins partiellement à ce que je suis en train de faire, à l’univers dans lequel je me suis plongé, à l’histoire que je suis en train d’inventer. Et en même temps, je me regarde jouer en ayant bien conscience de la futilité de ce que je suis en train de faire. Quelque part c’est comme si jouer était donc apprendre à assumer sa contradiction interne entre la nécessité d’action et la conscience de l’absence de but. Si on pratique suffisamment le jeu, je pense même qu’on peut finir par voir la majorité des événements d’une vie comme ayant un aspect ludique et garder en permanence une partie de soi qui agit, avec tout le sérieux du monde, et une partie de soi qui se regarde et qui dédramatise. Alors en dehors de tout le plaisir que je trouve dans le jeu lui-même, je crois vraiment qu’une attitude ludique, une perception ludique du monde est salvatrice. Et à la question « Pourquoi tu joues ? » reformulée en « Pourquoi tu as autant besoin de jouer ? ». Et bien, pour vivre, tout simplement !
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