Podcast / Ludo Incognito #06 : Le jeu comme plénitude (Colas Duflo – De Pascal à Schiller)
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Description
Septième épisode de ma chronique podcast des écrits autour du jeu de société paru initialement dans l’épisode 95 du podcast Proxi-jeux. Dans son livre Le jeu, de Pascal à Schiller, Colas Duflo fait du philosophe allemand Schiller (Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme, 1795) le responsable d’une nouvelle vision du jeu comme objet enfin digne d’étude et de réflexion. Le ludique, loin d’être futile et puéril, offre en effet une réconciliation des pulsions animales et morales qui rivalisent en l’humain. Rien que ça ! La transcription intégrale de l’épisode : J’ai hâte de quitter ce monde gris pour retourner dans la jungle luxuriante de Luda Incognita. Mais mon départ est suspendu à l’autorisation du conseil des sages. Il y a un mois, ils m’ont ordonné de venir aujourd’hui leur présenter mon projet de voyage. Ils veulent comprendre les raisons de ma fascination pour le jeu avant de me laisser repartir. Dans son livre Le jeu, de Pascal à Schiller, Colas Duflos tente de déceler le moment de l’histoire ou le jeu est passé de sujet insignifiant et puéril à un objet enfin digne d’étude et de réflexion. À ses yeux, le philosophe allemand Schiller dans ses Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme, publiées en 1795, en est le principal responsable. Schiller, dans les pas de Kant, identifie deux tendances a priori irréconciliables chez la femme et chez l’homme : sa nature sensible, animale d’une part et sa nature consciente et morale d’autre part. Esclave de ces deux pulsions, tantôt gouvernés par leurs instincts, tantôt freinés par leur esprit, la la femme et l’homme restent malheureusement incomplets. Pour résoudre cela, Schiller introduit la nécessité d’une troisième tendance qui dépasse et réconcilie cette dualité. Il la nomme « tendance au jeu ». Il ne parle en réalité pas d’un jeu en particulier ou même du jeu tel qu’on l’entend d’habitude. Il utilise plutôt ce mot pour signifier une liberté prise face à la réalité. En effet, c’est seulement en se libérant des contraintes de ses deux tendances que l’humain se met en situation d’éprouver l’harmonie esthétique présente dans la nature et dans l’art. Harmonie qui réconcilie la forme et le fond, l’émotion et de la raison, sa part animale et sa part morale. Cette idée du jeu comme une prise de recul sur la réalité, nous l’avons déjà croisé à maintes reprises au sein de Luda Incognita. Henriot, Huzinga et Caillois en font également la force et le mystère du jeu. Mais en relisant Schiller, on comprend que le ludique est plus qu’une prise de recul. Le jeu est en fait la réconciliation des pulsions humaines. En effet, le jeu, on le sait, crée son espace dédié, à la fois libéré des contraintes du réel et régenté par de nouvelles lois qui lui sont propres. Cette association de la liberté et de la règle, génère un mouvement d’action et de raison hors-du-temps et hors-du-monde. Le jeu chez Schiller permet ainsi le choc esthétique : un moment d’exaltation et de plénitude. Un aboutissement. – Bonjour Ludo, explique nous pour de bon ce qui te fascine autant dans le jeu. – Je vais vous répondre par une question. Les émotions seules peuvent-elles nous satisfaire ? – Non, bien sûr. Elles sont essentielles à la vie mais ne la gouvernent pas. Nous sommes je te le rappelle doués de raison. – En effet, mais la raison seule à son tour peut-elle nous satisfaire et nous rendre pleinement vivants ? – Non plus. Nous ne sommes pas faits que de pens
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