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Ils doivent être dans leurs petits souliers, tous ces courtisans qui faisaient croire à Abdoulaye Wade qu’il pouvait battre à plate couture tous ses challengers. Pour eux, seule la crainte d’une cuisante défaite motivait l’opposition populaire à la candidature du chef de l’Etat. Trop d’assurance ! Une aveuglante suffisance, qui s’achève par cette apparition, pathétique, du président, devant la presse, seul à une table immense chargée de micros. Comme s’il venait rendre les armes à son peuple, qui lui fait perdre le pari d’une victoire au premier tour.
Mais Macky Sall n’a pas tort d’exhorter à la vigilance tous ceux qui veulent priver le président d’un troisième mandat : Wade n’est pas mort. Il s’est juste un peu assoupi. A l’heure qu’il est, on l’imagine dans des calculs de probabilités à vous donner des maux de tête. Car, au regard de l’union qui se fait jour après jour contre lui, il faudrait plus qu’une main divine, pour lui assurer une victoire, le 18 mars.
En attendant, la démocratie sénégalaise s’est considérablement réhabilitée sur le continent, et peut, à nouveau, faire envie. Le tableau que nous ont proposé les Sénégalais, le 26 février, est exactement celui dont rêvent tous les peuples africains, en matière de transparence électorale.
Et s’il fallait encore une preuve de l’utilité des médias dans l’édification d’une démocratie crédible, la presse sénégalaise nous l’a apportée, avec une efficacité qui mérite révérence. Rien qu’avec le téléphone cellulaire et quelques reportages en direct, nos confrères ont pu informer l’opinion, bureau de vote par bureau de vote, au fur et à mesure que tombaient les résultats. Ainsi, chacun, au bout de la nuit, pouvait avoir une idée claire de l’ordre d’arrivée et, surtout, pouvait conclure à l’évidence d’un second tour.
Donner les résultats au fur et à mesure est définitivement la meilleure parade, aujourd’hui, contre les scores préfabriqués que certains dirigeants imposent à leurs peuples. Peut-être vous souvenez-vous des images de ce membre de la commission électorale ivoirienne, arrachant des mains de son collègue les résultats partiels que celui-ci s’apprêtait à lire devant la presse. En déchirant les feuilles devant les caméras, ce partisan de Laurent Gbagbo posait, sur la place publique, le premier acte des stratagèmes qui allaient conduire au drame sanglant que l’on sait.
Lorsque, dans votre pays, le pouvoir, le jour du vote, coupe les communications téléphoniques, et même le signal des médias audiovisuels privés et étrangers, sachez que c’est pour vous tenir dans les ténèbres, afin de mieux faire main basse sur votre vote, sur vos voix !