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Etait-il donc nécessaire de nous proposer, au menu de ces derniers jours de la tumultueuse année 2011, encore de la violence politique, des morts, et du gaz lacrymogène à volonté ? Le Sénégal et la République démocratique du Congo, à la une de cette actualité déprimante, éclipsent quelque peu les événements qui ont ravivé la foi que l’on nourrit encore en l’avenir de l’Afrique. Un premier mort, au Sénégal, en rapport direct avec la présidentielle de février prochain ! Des hommes de main, qui opèrent comme une milice privée, sont entrés en action, et cela n’augure rien de réjouissant. Et c’est en marge de cette violence que le président Wade vient de se faire investir par son parti, pour briguer un troisième mandat. Mais la détermination ne faiblit pas chez ceux qui veulent l’empêcher de se présenter. Pour éviter une déflagration, nombre de Sénégalais tentent de se persuader que les juges du Conseil constitutionnel, dans un sursaut de courage, peuvent encore invalider la candidature du chef de l’Etat sortant.
Lorsque l’on tue avant les élections, il y a des risques que l’on tue pendant et après le scrutin. La RDC en est la triste illustration. Ceux qui, en dépit de toutes les alertes, ont organisé les élections bâclées du 28 novembre dernier, peuvent se vanter d’avoir précipité le Congo dans l’inconnue. A quoi sert-il donc de voter, si c’est pour se retrouver avec deux chefs d’Etat ? Comme si le drame de la Côte d’Ivoire n’avait servi à rien : deux gouvernements, deux armées et, finalement, plus de 3 000 morts.
Joseph Kabila a prêté serment, lors d’une cérémonie qui aurait pu, dans un autre contexte, être considérée comme un beau succès. Mais la fête se situait dans un microclimat sécurisé, derrière des grilles bien gardées, à l’abri du peuple. Et que dire de la défection des chefs d’Etats africains annoncés ? Pour espérer une grande affluence, il va falloir apprendre à organiser des élections sans tâche. Quant à la présence incongrue du seul Robert Mugabe, l’on se demande encore s’il faut le rajouter au prestige ou au discrédit de l’événement.
Du Sénégal à la RDC, en passant par la Côte d’Ivoire, nous tenons, à présent, la preuve définitive que l’instabilité et les conflits, en Afrique, naissent principalement des élections approximatives et de la tentation de confisquer durablement le pouvoir.
Méfiez-vous donc des élections dont les résultats se proclament sous la protection des blindés, au cœur de la nuit profonde, avec un quadrillage de la capitale par la police, ou même par l’armée, dont les dirigeants croient devoir se servir pour se protéger contre leur propre peuple.