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Parce que le mot corruption est bien trop inélégant, on lui préférera « le conflit d’intérêt ». C’est donc pour conflit d’intérêt que le Comité international olympique a adressé, ce jeudi 8 décembre, des coups de semonce, et même un peu plus, aux deux plus importantes figures africaines du sport mondial. Un avertissement pour le Sénégalais Lamine Diack, très respecté président de la Fédération internationale d’athlétisme, et un blâme pour le Camerounais Issa Hayatou, tout-puissant président de la Confédération africaine de football, qui sera, d’ailleurs, à l’honneur, dans exactement cinq semaines, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations, au Gabon et en Guinée Equatoriale.
Vous souvenez-vous encore des dénégations et du mépris qui a salué la diffusion, en novembre 2010, du documentaire de nos confrères de la BBC, qui pointait ces conflits d’intérêts comme autant de cas de corruption ? Après un an d’enquête de la commission d’éthique du CIO, le verdict vient donc de tomber, même si les sommes que les deux Africains mis en cause admettent avoir perçues paraissent minables, à côté des montants colossaux soulignés par la BBC.
Joao Havelange, présenté comme celui qui risquait le plus gros dans cette affaire, a démissionné du CIO, trois jours avant la décision, entraînant, de facto, l’extinction de la procédure qui le concerne. L’ex-président brésilien de la Fifa a régné sur le football mondial pendant près d’un quart de siècle, et il occupait depuis quarante-huit ans le siège qu’il a préféré rendre, pour ne pas avoir à subir, à 95 ans, l’humiliation d’une sanction de ses pairs.
A la presse, qui juge les décisions du CIO trop clémentes, Jacques Rogge a répondu qu’un avertissement n’est, certes, pas une sanction, mais qu’un blâme en est un. Est-ce de la pédagogie ou de la perfidie ? Il a cru devoir préciser qu’un avertissement était comme un carton jaune, alors qu’un blâme est un carton rouge.
Mais, au football, le joueur à qui l’arbitre donne un carton rouge peut protester autant qu’il veut de son innocence, il doit quitter la pelouse. Pire, il ne peut même pas rejoindre ses coéquipiers sur le banc de touche. Pour lui, c’est directement le vestiaire. La sortie !
Ces avertissement et blâme du CIO sont donc d’être anodins, dans ce monde d’argent qui régit le sport, et où l’opacité est souvent reine. Il s’en échappait, ces dernières années, tant de fumée, sans que jamais l’on ne voie le moindre début de feu. Au fait, que fait-on, lorsque c’est l’arbitre lui-même qui écope d’un carton rouge ?