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Entendez-vous les dissonances que produisent, sur la terre d’Afrique, les mots : démocratie et élection ? En fonction du lieu d’où on les prononce, ils recouvrent des réalités qui vont du meilleur au pire. Et les meilleurs, souvent, ne sont pas ceux qui se font le plus remarquer. Il n’a, par exemple, pas pu vous échapper que l’on vote au Cameroun, en octobre, ou en RD Congo, au mois de novembre. Mais vous souvenez-vous de l’élection présidentielle, au Cap-Vert, il y a à peine trois semaines ? Ou du référendum du 23 août dernier, au Liberia ?
Etienne Tshisekedi, vous connaissez, certainement ! Il est la vedette du feuilleton hebdomadaire des manifestations et contre-manifestations agrémentées de gaz lacrymogènes, à Kinshasa. Mais vous rappelez-vous avoir jamais entendu le nom de Jorge Carlos Fonseca ? C’est le tout nouveau président du Cap-Vert, élu le 21 août dernier.
Au Liberia, l’initiative du référendum a été prise par le chef de l’Etat, Ellen Jonshon-Sirleaf. L’opposition a appelé à le boycotter ou à voter contre. C’est ce qu’ont fait les électeurs, et le pouvoir a assumé ce désaveu, sans aucune manigance. Au Cap-Vert comme au Liberia, ces scrutins sont déjà du passé. La vie a repris son cours.
Comme on aimerait qu’il en soit ainsi, partout sur ce continent ! Seulement, voilà : au Cameroun, l’opposition et une partie de la société civile observent avec suspicion les différentes étapes du processus électoral. Leurs protestations sont balayées du revers de la main par les partisans du président Biya, qui débordent de certitudes, quant à la popularité de leur héros.
Les opposants, eux, parlent plutôt d’un verrouillage de la chaîne électorale par le régime. C’est d’ailleurs le même état d’esprit que l’on observe en RD Congo, où Etienne Tshisekedi dit vouloir tout déverrouiller, avant qu’il ne soit trop tard.
Au Cap-Vert, Manuel Inocêncio Sousa, le perdant, a admis sa défaite et félicité le vainqueur, avant même que ne soient donnés les résultats définitifs. Pas de contestation, aucun mort, pas un seul blessé. Non pas qu’il n’aime pas le pouvoir. Mais il a accepté sa défaite parce que le processus électoral a été transparent.
Lorsque les règles du jeu sont claires, et que les institutions chargées d’organiser les élections ne donnent pas l’impression d’avoir des choses à dissimuler, la défaite peut être acceptée, et même avec élégance. C’est le message qu’envoie le Cap-Vert à l’Afrique des élections sanglantes et hautement inflammables.