Description
Pour apprécier l'art Dogon n'allez pas à Paris venez donc au Mali, vous verrez oeuvre utile. Voilà, en substance, ce que l’on retient du cri du cœur lancé, cette semaine, par Amadou Toumani Touré, alors qu’il venait de parcourir l’Exposition Dogon, au musée du Quai Branly. Une allusion directe à la désertion, par les touristes, d’une partie de son pays, classée zone à risque, entre autres par le ministère français des Affaires étrangères.
Pour motiver les touristes, il faut, hélas !, un peu plus que le seul appel d’un chef Etat dont beaucoup, à tort ou à raison, considèrent le pays comme le ventre mou de la lutte contre al Qaeda au Maghreb islamique.
Au-delà du terrorisme, le Mali n’est simplement pas en mesure, dans l’immédiat, de réunir les quelque 350 pièces de cette exposition Dogon, qui retracent dix siècles d’histoire, depuis les Soninkés, les Djenenkés, les Telems, jusqu’aux Dogons. Une bonne partie des œuvres exposées à Paris, faut-il le rappeler, viennent d’une quinzaine d’institutions publiques d’Europe et des Etats-Unis, et de collections privées de par le monde. Question de moyens, question d’assurance.
Tombouctou, Gao, Djéné, Ségou, la falaise de Bandiagara, le plateau Dogon… avec un tel patrimoine, le Mali aurait dû être une des plus grandes destinations touristiques en Afrique, avec ou sans AQMI.
La triste vérité est qu’en Afrique, et pas seulement au Mali, très peu de dirigeants politiques croient réellement à la culture. Sans verser dans les allusions injurieuses, on peut même dire que dans certains pays, sur le plan culturel, l’incurie règne au sommet.
C’est ici, le lieu de rendre hommage à Léopold Sédar Senghor qui, dès avril 1966, a organisé, à Dakar, le premier Festival mondial des arts nègres. Le Nigeria, du temps de sa splendeur, en a organisé un, en 1977, et Abdou Diouf a tenté, sans succès, d’en organiser un, dans les années quatre-vingts. Abdoulaye Wade – qui n’a pas que des défauts – en a organisé un, en décembre dernier.
Sur quel ton faut-il crier, pour être entendu ? La culture, Messieurs, peut apporter davantage à l’image d’un pays que les plans de communication payés à prix d’or ! Tant de sites, tant de talents, que l’Afrique devrait cesser de gérer comme elle gère ses matières premières, c’est-à-dire sans aucun effort, à la disposition de qui le désire et au prix qu’il veut.