L'Afrique qui avance... L'Afrique qui recule...
Description
L’Afrique, terminologie unique, revêt des réalités multiples : Il y a l’Afrique qui avance résolument, celle qui ne cesse de reculer, et celle qui s’enfonce, de plus en plus…
Anthony Lattier : Dans l’actualité africaine de cette semaine, deux pays : la Centrafrique et le Burkina. La Centrafrique, pour de très mauvaises raisons, comme toujours, est-on tenté de préciser. Une violence récurrente et des affrontements entre musulmans et chrétiens, sur fond de manipulations politiciennes. Le Burkina Faso, de son côté, ne cesse d’impressionner le reste du continent. Ces deux pays illustrent pourtant quelques-unes des réalités d’une seule et même Afrique… Faut-il oser la comparaison ?
Jean-Baptiste Placca : Elle est tentante, mais ce serait féroce pour les Centrafricains. Tous deux sont des pays enclavés, ce qui constitue un sérieux handicap, pour leurs exportations comme pour leurs importations. La vie des populations n’en est donc que plus pénible, lorsque les politiciens rajoutent leurs mesquineries aux handicaps naturels de leur patrie. Comme lorsque, cette semaine, à Bangui, la violence a repris de plus belle, au point que la présidente Catherine Samba-Panza a dû abréger son séjour à New York, renonçant à prendre la parole devant la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le calme apparent que l’on observait ces dernières semaines en RCA n’était donc qu’un leurre. Et, déjà, certains en déduisent qu’il va probablement falloir reporter à nouveau les élections. Comme si le chaos constituait une rente de situation pour certains…
Tandis que Catherine Samba Panza repliait son discours pour rentrer à Bangui, Michel Kafando, triomphant, prenait la parole à la tribune des Nations unies, pour célébrer la liberté et la marche vers la démocratie au Burkina.
Avec beaucoup d’emphase et une assurance qui ferait presque oublier qu’il y a à peine deux semaines, il était prisonnier, aux mains des putschistes du RSP. Ce, à quoi nous assistons au Burkina ressemble fort à des travaux de finition de l’impressionnante insurrection d’octobre 2014. Le RSP, par ce coup d’Etat, a soldé son propre destin.
Dans le calme, sans aucune agitation, aucun débordement, les Burkinabè ont enterré ce régiment qui planait comme une épée de Damoclès au-dessus de leur démocratie en gestation. Le sol est désormais assaini, pour que germe – éclose – une démocratie que le continent devrait observer avec intérêt.
Nombre d’Africains admiratifs étaient restés sur leur faim, lorsque, en octobre 2014, ce peuple héroïque a donné l’impression d’être démuni face aux intrigues de certains éléments du RSP qui voulaient jouer sur leur capacité de nuisance supposée pour récupérer une part du pouvoir perdu par leur chef. L’Afrique comprenait mal comment, après avoir échoué à sauver le trône de Blaise Compaoré, ce régiment, tout seul, pouvait faire si peur à ceux-là mêmes qui ont chassé le même Compaoré. Jouant sur la peur de rendre le pays ingouvernable, le RSP s’était ainsi attribué, dans la transition, un rôle que beaucoup ont perçu comme une façon de perpétuer l’influence, sinon de réhabiliter Blaise Compaoré au sein de l’exécutif.
Les interventions intempestives du RSP dans le fonctionnement de la transition, le chantage permanent, et cette propension à prendre le pays en otage pour des motifs saugrenus faisait du RSP une épine dans le cœur de la démocratie. Il fallait l’extirper. Voilà qui est fait.
Est-ce le stoïcisme avec lequel ce peuple, pendant vingt-sept ans, a subi le régime Compaoré qui a laissé croire qu’il pouvait avoir perdu de sa détermination, sinon de son courage ?
Au contraire, ces derniers jours ont montré à quel point ce peuple est maître de son des