Un panafricaniste comme il ne s’en crée plus
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Ahmed Ben Bella, 95 ans, dont seulement trois comme chef d’Etat, mais alors, quelle empreinte ! Sur son pays, mais aussi sur l’Afrique, même si la plupart des Africains semblent tout ignorer, aujourd’hui, de ce que le continent doit à l’Algérie de Ben Bella. Un an à peine après l’indépendance de l’Algérie, alors que vient d’être adoptée, à Addis-Abeba, la Charte de l’unité africaine, Ben Bella, à la tribune, lance le cri de ralliement pour la libération totale du continent. « Cette Charte, dit-il, ce 25 mai 1963, restera lettres mortes, si nous ne prenons pas les décisions qu’il faut, pour que nos frères, en Angola, en Afrique du Sud, au Mozambique, reçoivent, tout de suite, l’appui inconditionnel qu’ils sont en droit d’attendre de nous ». Et Ben Bella d’enchaîner avec deux de ces phrases que l’Histoire retient, au moment même où elles sont prononcées : « C’est parce que nos frères guinéens, maliens, ghanéens, nigériens et autres, en Afrique, ont accepté de mourir un peu, que l’Algérie a pu conquérir son indépendance. Eh ! bien, s’il le faut, acceptons tous de mourir un peu, ou même de mourir tout à fait, pour que l’unité africaine ne soit pas un mot creux ! »   Alger devient alors la capitale de l’Afrique progressiste. Agostinho Neto, Eduardo Mondlane, Samora Machel, Joshua Nkomo, Nelson Mandela et tant d’autres leaders de mouvements de libération ont guichet ouvert à la présidence de la jeune République.   « Je donnais de l’argent, beaucoup d’argent. Je donnais chaque fois qu’il en fallait, chaque fois que l’on m’en demandait. Et pour moi, c’était presqu’un devoir religieux. Sacré ! », se remémorait Ben Bella, quelques mois avant sa mort, en feuilletant l’album de l’Histoire, avec Hervé Bourges, son conseiller, de 1962 à 1965. Cet instant unique s’inscrit dans un film de la collection documentaire « Empreintes », que France 5 diffusera les 4 et 6 mai prochains. « Les braises et la lumière » – c’est le titre du film – explore, avec un certain succès, la vie, riche et foisonnante, d’Hervé Bourges. L’Afrique, continent sur lequel il a laissé plus que des empreintes, y trouve la place qui se doit.   Au détour d’un échange, les deux hommes ouvrent un chantier que les historiens africains devraient songer à explorer : il s’agit de l’incidence de la guerre d’Algérie sur la décision (du Général de Gaulle) d’octroyer l’indépendance à presque toutes ses colonies d’Afrique, y compris celles qui n’en demandaient pas tant !
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Published 03/11/17