Eureka 52 – Moi, dans cette école? Une imposture!
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Description
Place de la Tine, Millau, le 12 juillet 2005 : Je suis installé avec mes parents à la terrasse du café de la place, pas vraiment pour boire un Perrier citron, mais surtout pour avoir du réseau internet… Mon ordinateur est connecté et je rafraichis la page web toutes les 5 secondes. Les résultats ne devraient plus tarder à tomber. Tiens, ca y est, cette fois, la page est différente, je vais enfin connaitre la ville dans laquelle je vivrai les prochaines années : ce sera Bordeaux ou Nantes. J’aimerais tant aller à Nantes pour plein de raisons… Je suis classé 1498ème au concours de cette école. L’année dernière, le dernier admis était le 1535ème. J’ai donc une chance de l’avoir… La page se met à jour doucement et le résultat tombe. J’ai eu l’école de Nantes. Je lâche un grand YES et fait le tour de la fontaine en levant les poings comme un boxeur venant de mettre KO un adversaire. Ca y est !!! Deux ans de galère derrière moi ! Ouf, ça fait du bien ! Quelques minutes plus tard, après les longues embrassades avec mes parents, nous reprenons la voiture destination Nantes pour trouver un logement. Il est déjà 15h. Nous arriverons vers 23h à l’hôtel, mais peu importe… Arrivé à l’Ibis, je rouvre mon ordinateur et je vois des résultats plus détaillés. Le dernier admis était 1503ème avec un total de 550 points sur 900 points. Je regarde ma feuille de résultat, je suis 1498ème avec 550,5 points… On peut dire que ca s’est joué à rien du tout ! C’est assez vertigineux de se dire que 2 ans de travail se joue à un demi-point près sur 900. Puis, je regarde le nombre d’étudiants affectés à l’école : 355. C’est bizarre, ils ont rajouté 5 places par rapport aux 350 initialement ouvertes. Je fais donc partie des 5 étudiants supplémentaires que l’école a décidé d’accueillir ! J’ai tellement eu de chance, c’est incroyable!  Je me suis senti euphorique une grande partie de l’été et j’ai célébré dignement ce succès! Mais, la veille de la rentrée, dans ma chambre à la résidence étudiante que nous avions réussi à dégoter, je me disais qu’en fait, toutes les personnes que j’allais rencontrer le lendemain auront eu une meilleure note que moi au concours. En fait, elles méritent plus leur place que moi. J’ai tellement eu de chance au concours, je l’ai vraiment volé! On va vite se rendre compte que je n’ai pas le niveau et ça ne va pas bien se passer pour moi! J’ai le sentiment d’être un imposteur et de ne pas mériter ma place au sein de l’école. Plutôt que de me freiner, ce sentiment m’a donné beaucoup d’énergie, j’étais admis dans l’école et j’allais bien prouver à tout le monde que je méritais ma place. Je m’investissais beaucoup dans toutes les nouvelles disciplines que je découvrais, je donnais le meilleur de moi-même en prenant quand même le temps de vivre une vie d’étudiant et non plus de préparationnaire, et je passais les examens du 1er semestre avec sérénité. Finalement, je me suis très vite rendu compte que personne n’en n’avait plus rien à faire du concours d’entrée à l’école, et que la question n’était pas de savoir notre place au concours, mais plutôt dans quelle classe on était, ou dans quelle résidence on habitait… Quelques semaines après les examens, je me retrouvais donc à nouveau devant mon écran d’ordinateur à atteindre des résultats, mais cette fois beaucoup plus sereinement. Mes notes étaient tout à fait correctes, même très bonnes, et je me suis aperçu que j’étais dans les 10 premiers de la promotion. J’avais enfin démontré que je méritais ma place ! En réalité cela n’a fait plaisir qu’à mon égo, mais cela m’a permis de mettre définitivement derrière m